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lundi 15 décembre 2014

Méduse chez Metamkine

La journée de Médusa peut désormais être commandée directement auprès de Metamkine, à cette page (c'est 12 euros la galette, sinon vous pouvez toujours m'écrire directement et ce sera -beaucoup- moins cher). 



lundi 24 novembre 2014

Filées au noir

Le nouveau Turkey Magasine vient de sortir chez Hoochie Coochie et est lisible au format pdf ici.

On y retrouve notamment quelques planches maisons, muettes et peignées, ainsi que des strips de Jean-François Desserre, Gregory Mackay, Karine Bottega & L.l de Mars, Olivier Philipponneau, Guillaume Soulatges, Loco, Janis et les frères Leglatin. Profitez-en, c'est beau, drôle, fin, et c'est à l'oeil. Les trois premiers numéros sont également visibles et imprimables sur le blog de Hoochie Coochie.
J'en profite pour dire que cette belle maison d'édition traverse une sale passe financière, et que vous pouvez les aider, tout simplement, en achetant leurs beaux livres par paquets de dix pour éviter que l'avenir de la BD se réduise à Bilal et Tintin (toutes les infos sont à la page d'accueil de leur site).


mardi 18 novembre 2014

Si même les serpents jasent

Une chouette petite notice sur La journée de Médusa, sur culturejazz.fr : c'est ici

Et je le rappelle, le CD est toujours disponible, à prix libre, complètement, totalement, définitivement libre. Il suffit d'un petit mail et d'un grand sourire. N'hésitez pas, médusez-vous.





lundi 3 novembre 2014

Le mort se générale

"-Général ! Le mort bouge !
-Feu la troupe ! Feu ouvert !
-Mon général ! le mort se relève !
-Artillerie ! Bombardez !
-Mon général, il...
-Nommez-le général."
Le Livre De, p. 193, Chanson des rejetonés.



dimanche 26 octobre 2014


La plus grande répression de la vie ? Le concept de présence, et sa théologie d'athées.
Le Livre De, p. 584, Prophétisme régressif.



Et pour les mélomanes timides, La journée de Médusa est toujours disponible, à prix libre. N'hésitez pas, ça n'est pas tous les jours qu'on peut acquérir une journée supplémentaire.

jeudi 9 octobre 2014

Chronication médusée

Alain Lambert, qui est critique sur le site musicologie.org, a écrit une chronique sur La journée de Médusa, qu'on peut lire ici.




Merci à lui pour son écoute et pour son texte (une question me taraude quand même : comment a-t-il su pour le café noir sans sucre ?)

dimanche 5 octobre 2014

La journée de Médusa

Nous y voilà, La journée de Médusa est lancée pour de bon.



La journée de Médusa se compose de 15 pistes, durant au total 58 minutes à trois poils de chameau près.
Le CD est tiré à 100 exemplaires numérotés, la pochette, sérigraphiée, est une oeuvre originale de Hélène Balcer (qu'elle soit louée et bénie au plus haut des cieux sur dix générations).

Il est possible de commander (12 euros) cette petite galette directement sur le site de Petit Label, ici.
Ou bien si ça vous intéresse, j'en vends moi-même 50 exemplaires soigneusement empaquetés. Comme j'ai l'âme aussi commerçante qu'un petit pois, avec un grand sourire et une bonne rhétorique de mélomane, il est tout à fait possible de m'arnaquer et d'avoir plein de ristournes (ça concerne notamment tous les fauchés que ma Méduse pourrait séduire de près ou de loin, il y a toujours moyen de s'arranger). Avis aux amateurs donc, n'hésitez pas, écrivez-moi : aurelien.leif@gmail.com

Voici quatre pistes du CD, qu'on peut également écouter sur le site de Petit Label

01) Le rêve de Médusa


08) Serpent le strap-on


12) Découper les couleuvres


13) Les monstres savent-ils mourir ?



Et si jamais vous connaissez des disquaires susceptibles de prendre quelques exemplaires en stock, n'hésitez pas non plus, faites-moi signe.

mercredi 17 septembre 2014

Méduses et planisphère

Ca y est, La journée de Médusa est enfin sortie chez Petit Label (la page arrive bientôt, pour commander -12 euros-, écouter des extraits, ou pour rien du tout). Tirage à 100 exemplaires, pochette sérigraphiée d'Hélène Balcer. J'en vends moi-même 50 exemplaires qui pour l'instant prennent confidentiellement la poussière dans la cage à poule qui me sert de maison, alors si vous êtes intéressé, juste curieux, si vous connaissez des disquaires qui ne rechignent pas devant la musique bruitiste, n'hésitez pas, contactez-moi : aurelien.leif@gmail.com (en vente directe, pour les fauchés, on s'arrangera pour le prix).

Je vous en reparle bientôt de toute façon.
Et je signale à tous les brouteurs que le nouveau Pré Carré est rose, frais, tout plein de beaux textes à ruminer (dont la première partie d'un essai maison sur Massimo Mattioli).
Don't wait
mais see quand même.






Pour ce qui ne lit pas nous sommes des signes. Tout pouvoir est lettriste.
Le Livre De, p.724, Axiomes mineurs.

lundi 1 septembre 2014

Fulgur tacite

Dans un monde de contrôle, ça n'est pas transgresser qui fait l'inadmissible. C'est fulgurer sans le dire.
Le Livre De, p. 212, Gonfalons pour les grottes.




mercredi 27 août 2014

La grammaire des fatigues

On reconnaît les grandes fatigues à leur grammaire, les grands dégoûts aux failles que dessine leur lexique.
Je n'en connais qu'un symptôme : le verbe politiquer n'a pas d'usage.
Le Livre De, p. 608, La lassitude des chiens.



dimanche 17 août 2014

Le facile au carré

La pire des illusions critiques : énoncer facilement les facilités.
Le Livre De, p. 460, Scalps chauves



dimanche 10 août 2014

C'est le plus pire qui gagne

La plus aboutie forme de la politique qui va est celle de l'abstention érigée en système. Quand tout ce qui vit ne se réfère qu'à l'attentisme de vivre pour s'en faire une pratique de la quotidienneté, le renoncement s'incarne dans la faillite commune, et cette faillite a nom d'Etat, de salariat, de communion sociale, c'est-à-dire de mévie. 
Sou Ts'in : "Il n'est meilleure politique pour un grand Etat que celle de bouger en dernier". Il est sûr en effet que nous sommes une somme nulle, et que la vie à l'échiquier nous contraint dans les faits à une pensée de l'ultime comme unique forme du faire, comme dernier geste possible qui ne viendra jamais. A l'attente contre attente, c'est le plus pire qui gagne.
Le Livre De, p. 604, Sourate du mur sans pierre.




lundi 4 août 2014

Le cliquètement fait le rouage


La ville retrouvait l'axe et n'était plus que sa mimésis jusqu'à la vérité : toutes les bagnoles ici sont des mimes de bagnoles et la Cité entière un reflet du désert, les poubelles sont des images peintes sur d'authentiques poubelles qui puent la certitude et bruissent d'une vie de rats, le cliquètement fait le rouage et les heures s'y embrayent tant qu'aucune cause ne manque, et le pire y pourvoit, et d'abondance le même, un deux trois même qui longe et les faces et leur bis, les hommes qui passent ne vont qu'à la rencontre de leurs automates en marche. Il y aurait un seuil au contrôle, il s'appellerait miroir, ils auraient oublié jusqu'au verbe franchir. Si ce n'est pas l'Histoire qui a figé ces heures dans le bloc ouvert des accoutumances, alors c'est le constat lui-même qui vient de s'incarner, sans objet qu'une paix morte qui ne sait même pas sa date. File une ombre, deux se perdent. Reste une narration de l'Arrêt, et c'est le verbe aller lui-même qui ne cesse plus de s'épeler. Passe une heure, trois s'y clouent. C'est le transit qui bat sans modèle à sa base, et les murs eux aussi comme des peaux de vitrail qui jouent les murs encore, s'efforcent à la vie fausse des gisants qu'on effleure et auxquels on murmure des mots plus lithiques qu'eux. Qu'est-ce qui casserait encore ? Il n'y a que des verticales jusqu'à troubler la chute. Rouge-foule et spots tremblés, l'heure en déambulé dans les retours sur place et parmi les passages, les péquins de circonstances les lumières d'occasion, les réverbères sur le ronron des heures font un décor des figurants si parfaitement crédibles qu'on douterait même qu'il y ait une scène où la débine se souffle. Quel monde est ce caméléon ? Qui chasse-t-il sans image ? Et les femmes qui divaguent et les hommes et les chiens, comment font-ils l'amour au plus ô plat du tain ? A grands coups d'habitude navrantes, avec un vieux moule de cadavre fiché loin dans la carne.



jeudi 17 juillet 2014

Des Méduses en été


Cet été, les méduses font peau neuve : la pochette de La journée de Médusa vient de sortir, toute fraîche et toute pimpante, des presses d'Hélène Balcer. Un superbe travail en sérigraphie qui épousera merveilleusement les zigouigouis sonores et autre chplong tchic pfff contenus à l'intérieur. Vous pouvez voir sur son blog non seulement la pochette définitive, mais les autres propositions réalisées à cette occasion, ainsi que ses carnets de travail (une génétique toujours passionnante à parcourir). Plus globalement, je vous recommande tous ses travaux de sérigraphies pour Petit Label.

Disons-le franchement : la meilleure nouvelle de l'été.


samedi 5 juillet 2014

Paganisme moderne



Chalouper, une pièce récente pour galériens (à écouter au casque de préférence)


Le paganisme moderne ? Penser qu'un flux est rationnel.
Le Livre De, p. 388, Scalps chauves.


mercredi 18 juin 2014

Midi dix, midi boum

Bref et violent comme une exécution. Ca fusa dans les corps en frissons staccati et en vivats chuintés de tous les coins de la ville, la foule comme une grosse chienne orgasma dans ses graisses et la Cité d'Abject jouit en mille moins mille coups, comme des couilles en canaux les fonds d'égoûts battirent, le ciel se contracta comme une vaste vulve bleue. Midi dix, Midi boum. Le Building du Réel ployait l'heure dans ses reflets et gondolait du verre dans des foules d'yeux grisés avec Herr DLS campé raide sur ses flancs, qui pompait la lumière et regardait, un kilomètre plus bas, son sourire empulpé sur des milliers de visages. Signez l'heure ! Trouez-la ! Derrière les murs de leurs bunkers des ministres aux dents longues vautrés dans leurs fauteuils se repassaient la séquence en mimant les points d'orgue et calibraient des pitchs pour leurs prochaines télés, chez Media DLS les journaleux en vogue se recoiffaient la couenne et gominaient leur langue pour le debriefing technique pendant que dans les tours à flouze des cadres au poil luisant s'arrachaient les vestons en meuglant "J'achète Herr ! J'achète Sorte" avec en arrière-plan les sous-péons chassieux de la bureaucratie qui débrayaient en masse et se blottissaient, sereins, dans leurs moleskines utérines. Les télés ronronnaient, elles étaient dans chaque pièce une même et unique bouche où chacun se taisait. Les tombes étaient brouillées. On contemplait l'écran, et loin derrière l'écran une vie asymptotique comme repliée à plat, qui crépitait en bleu et nous disait de mourir. Verre vivant ! Sel rosi sous les langues ! Dehors on pantelait fixes genre autistes à 1000 watts et les corps bilboquant tactacquaient en commun tous branchés sur le Sourire comme des électrodes blanches sur le bulbe d'un porc. Extinction ! Communion ! Dans le silence des places et le grésillement des herzs la foule de Connardie se mit à danser, doucement, loin au bas du Sourire comme une tribu de spectres devant son totem vivant, une gigue à dix-neuf temps désordonnée en vrac avec des morceaux de bras lâchés vers la lumière et la même crispation labiale qui fissurait les peaux, le da capo du pire sur le glissement de la danse, la danse qui sent les trous, la danse a cappella pour le zef et les fentes. Guinche ! Guinche ta clamse et vis-y ! C'était l'extase en mi et la prière en sol. Certains se mirent à valser et d'autres à punkiser, dolents mécaniquement la tête en bal pilon ou sautant quilles en vrille en lançant des fuckoff ! vers le verre au-dessus d'eux. Au milieu des élans des flicaillons passaient pour maintenir dans les clous les débords au tonfa et l'ordre dansait aussi, des rigodons musclés et des pavanes au poing, on ramassait des groupes de pouilleux en maraude pour les rencaserner, la Delasorte Trust Inc. virait des gens en douce par bennées de mille et plus et les nababs en planque faisaient leur beurre en sous-main -la bourse montait en flèche et on cotait le silence en entrechats feutrés. L'Abjection en 4/4 et la ville en ronron, les oiseaux sans coda et la canaille en ut. Bouffer tic ! Vomir tac ! Raclez l'horloge, elle saigne à blanc. Les plus vieux des Connards vétérans de l'Abjection s'abandonnaient franchement à toute cette vibration en tournoyant sur place comme des Christ en toupie et leurs mille crânes chenus blanchissaient le béton de floculats pelant ; pris dans des bosquets de jambes les gosses écarquillaient des yeux larges et blancs comme des cibles et l'image en rafale frappait le coeur des prunelles d'Herr Delasorte une fois, cent fois la taille du ciel ramassé en impact. Ils le regardaient là haut cracher du bleu et blanc et tentaient d'attraper son souffle avec les dents.  

lundi 9 juin 2014

Je ne chante pas, je meurs mélodiquement.

"Je suis là. Vous aussi vous êtes là, nous avons les mêmes pertes. Je suis Herr Delasorte et je culbute par l'âme vos mômes et vos grands-mères, je vois les dunes, baise un mirage, je suis le marchand de désert et je remplis les têtes du sable de Mojira. Je ne vous dis pas bonjour, le jour c'est moi. Le soleil m'encule, la mort me branle, appelez-moi jouir et caressez. Je suis Herr Delasorte, la sage-femme des Connards et le croque-mort des heures, je racle le monde à la sauvette pour en trouver les sucs et les vendre aux oiseaux -RIP ! -Amen ! J'ai des bombes dans les poches et mes poches sont trouées. Qu'y a-t-il dans ma tête ? Vos hymnes qui pullulent. Quelle note ? Quel ton ? Je ne chante pas, je meurs mélodiquement. Ici ! Bas-là ! SSSSSourire ! Lisez bien, lisez bien toute ma peau : vous pouvez m'appeler Herr DLS, mais vous pouvez m'appeler mein sehr R von Reel. Bereshit ! Bara ! Pouic ! Je viens vous baptiser. Je viens vous faire chanter. Car ma langue est un fait, et le silence est mon baptiste. Bonjour coquins, salut pourris. Entrez dans mon sourire. Vous paierez les entrées en bakchichs en roubles en billets verts étalon-or. Ou simplement en vous tenant à carreau." 


mercredi 4 juin 2014

Dans son aura strass-strass de tout-potent connard

Je vous parlerai très bientôt du CD que je vais sortir sous peu chez petit label et qui s'appelle La journée de Médusa. En attendant...

C'était un gisant de verre debout dans son manque d'ombre. Il luisait tranquillement des nimbus au trottoir dans son aura strass-strass de Tout-Potent Connard et le soleil sur sa tête était une bête féroce, et les chiens disaient oui, les oiseaux se posaient sur ses reflets de main. C'était l'image, parfaite et roide, du devenir général incarné sans lacune, c'était la figure pleine, celle de l'avenir, exactement synchrone à son assassinat. On avait beau lever la tête il n'en finissait pas de crever la lumière et de racler l'espace à force de transparence, cassait le ciel en quatre et pesait comme un constat dans sa colonne de verre. Ouvrez la bouche, et bouffez la clarté. Son corps n'était que la queue de son sourire, et son sourire c'était le pire, la communion au sel, tout le peuple à la coupe. Entre ses lèvres diffractées par le verre un fourmillement réduit d'hommes à l'état larvaire vibrait dans un silence de tombeau devenu chair et ça bavait, glissait aux commissures dans des onctions graisseuses, des citoyens têtards vermicelles et virgules qui serpentaient en rose et partouzaient contre ses dents. Maintenant je veux tomber, et rencontrer mon nom dans l'unique chute des autres. Dans les bureaux on trépignait sur place bovins sous les télés et on se bousculait pour en recueillir l'image, à mains jointes et à genoux sous leur nef de néons les employés s'entrefrottaient chauffés comme des clébards et un manager de chez Zyksteel&Wurst poussa le rut jusqu'à lécher l'écran en poussant des jappements. Sur les places de la ville on contemplait religieusement le Building-Delasorte, tous attirés par le Sourire, ses impeccables commissures lissées au fer à repasser et comme un regard entre les lèvres hypnotisant la foule. Sucez mes lèvres, mangez mon signe, j'ai le corps des abolis. Lovés contre leurs parents les gamins tremblotaient fascinés et chiassards de tant de lumière d'un coup, et sous les jupes des mères en cloche sur leur angoisse ils murmuraient des vers de l'hymne Delasorte, comme une berceuse de jour qui conjurerait l'avenir.
Demain vient bien trop tard et l'espoir n'est qu'une date 
cassée en dix symboles que ne colle plus
Pfffilia 
de Nunc au seuil de Nunc
prenez son pain au siècle 
les pigeons l'ont mangé même les trous dans ses mains 
sont les miettes de stigmates qu'aucun jour n'ouvre plus
ni les croix dans les lits ni dieu
dans les sphincters
le jour
        n'est qu'un signe d'homme vide.



mercredi 28 mai 2014

Une silhouette à la chaux

 Une silhouette à la chaux émergea de partout. Sur les écrans télé, dans les vitrines et les verres d'eau, sur les fenêtres, aux miroirs, dans les rétroviseurs et même dans les ampoules, ce fut Herr Delasorte en pixels et en cap qui souriait dans le visible comme un grand pape en noir au fond d'un sémaphore. Sur les quatre faces livides du Building-Delasorte une éclipse voila le verre pendant quelques secondes, puis des centaines de projecteurs dispersés dans la ville s'allumèrent en synchro dans un pollen de flash pour mitrailler aux fenêtres son image en essaim ; point par point jusqu'au ciel il surgit en mille blocs d'un kilomètre et demi, campé sur la Cité comme un Saint-George colosse pantocrate et bâtard, les couilles hautes comme le ciel, les jambes à peine arquées comme pour pisser sur toute la vie. Il était vif et verre, c'était un gisant debout, une mort mobile faite image fixe ; enquillées sur deux cuisses de lin pâle à croisées, ses aines filaient en V à cinq-cent mètres du sol et son torse bien fileté s'affûtait quatre fois, opalescent et raide dans ses revers diaphanes, les bras collés aux hanches cintrés droit dans leur veste et surmontant son cou comme de la chaux dressée, son menton fondait gris dans la strate nuageuse. Sa face n'était qu'un gros coton et il restait son sourire seul, dessous, à fleur de rien, qui tranchait dans les blancs et suçait le bleu du ciel. 



lundi 19 mai 2014

Midi chuta la ville

C'est un grand jour sans reste sur la mer de Beaufort et il n'existe plus sur le velours d'Harad. Trente-cinq degrés celsius lèchent l'aube à Tarawa tandis qu'à Keflavik c'est le pays entier qui s'enfonce en soufflant dans une nuit plumeuse. Peu de lumière à errer, Kaiteng est à mi-jour et Cuenca l'achève. Où brûle l'axe du monde ? Partout où l'on déserte. Il y eut un matin et il y eut un matin. Midi sonna dans un beffroi arctique et il n'y eut pas midi. 
Douze coups frappés sur l'apogée du jour et la lumière, branlante, trouée par les regards qui ne l'officiaient pas. Tout s'arrêta dans la Cité d'Abject et le peuple de Connardie sortit lécher ses fers par l'entremise du ciel. Les écrans grésillèrent et les radios firent pffff, ce fut un brasillement de nerfs et d'yeux trop cuits. On se cala dans les bars les bureaux les salles d'armes, agglutinés en meute face aux écrans télé ou on sortit en masse sur les places de la ville, les vieux se frayant au coude une place au premier rang, les gniardelets juchés sur l'épaule des papas pendant que des jeunes zazous grimpaient aux réverbères pour admirer en cap, plus que grandeur nature, l'apparition sans borne du grand Herr de Réel. Le Gratte-Ciel Delasorte crépita au soleil et ses milliers de fenêtres se muèrent en écrans plats jouxtés par les nuages. Le logo d'un sourire effilé comme deux faux apparut sur le verre et les cristaux liquides, Midi chuta la ville et ne la quitta plus. Ca commençait. 


samedi 17 mai 2014

Le réel est en rut

On s'activait la couenne en prévision de midi et les cœurs s'emballaient comme des chiens d'hallali. L'annonce de l'oraison avait pété dans la Cité façon bombe à napalm et elle soufflait maintenant comme un orage en biais sur toutes les bouches ouvertes -Herr Delasorte ! Herr Delasorte vient nous chanter ! L'Abjection attisait l'attente et la nouvelle tournait viralement dans les rues, mein Herr mein Herr mein sehr Reel von R le béton palpitait d'échos et les immeubles grouillaient d'un affairement de fourmilière en guerre. Coup de pression ! Le sang monte aux horloges ! Aiguilles au cul du crâne, tachycardies d'oiseaux dans les poitrines civiles ! Dans toutes les directions les salles de conf et les écoles c'était à longues rafales des invectives braillées à la gueule des péons et les ordres giclaient drus comme des glaviots dans un sanatorium -on dépêchait des types pour prévenir d'autres types, les estafettes couraient dans les couloirs en se déboîtant les hanches et dans les arrière-salles les secrétaires tapaient, cassées en V sur leurs claviers qui cliquetaient dru comme des machines à coudre -Herr DLS, Midi, il y a une voix sous le bitume et quelques oiseaux morts qui cavernent à la gorge -Herr DLS, Cantique, que le réel nous flûte et que ce jour musique- les téléphones sonnaient sur toutes les clés possibles et ça feulait allô, foutredieu bougez-vous le réel est en rut, à midi sur la ville une grêle de tocsins fous qui glinguent à la volée et des trolées de messages disant tous la même chose se percutant cryptés dans les dédales du silicium. Où vis-tu aujourd'hui ? A Midi-les-écrans. La grande Machina-Null était en branle et elle gerbait du vide au rythme d'une DCA. Tchac tchac tchaque chose à faire ! Régler les moniteurs, imprimer des drapeaux, préparer les articles et la retranscription, prévenir le directeur des ventes et calibrer les pubs sur le discours à venir, on déléguait les tâches de Connard en Connard pour être recta prêts à midi pile et poil et tout le monde s'animait d'une vie intercessive uniquement dirigée vers les prières à venir, ordonnants ordonnés laisses et nuques à la fois, on était tous d'un bloc le chien et l'aboiement, alignés comme des pierres dans une grande pyramide de férules emboîtées. 



vendredi 16 mai 2014

Un pré polyphonique

Avisse à la population :
le quadrumvirat rédactionnel de Pré Carré (Dr. C, J. Meunier, J. Le Glatin et L.l de Mars) a donné à Du9 un entretien polyphonique sur la revue à lire ici.
Je contresigne l'intégralité des propos, surtout les méchants.




lundi 12 mai 2014

Sous le tropique du Pire

"La guerre grandit sous le tropique du Pire, elle a six ans et demi et la faim des enfants. Des combats ont eu lieu d'hier dans la ville de Rastuh entre les partisans du Président Karliotte et le groupe rebelle du CADOL épaulé par des milices extrémistes du Nord Seu/les observateurs internationaux ont annoncé cent soixante-dix-huit morts dont une moitié d'enfants et un quart de vieillards, mais à cette heure les médecins légistes de l'ONG Morts Sans Frontières restent incapables de déterminer l'identité des cadavres devant l'état de lacération avancée dont les chairs font/les bombardements continuent et sonnent les heures au tomahawk sur les beffrois de San/la crise orientale quant à elle ne fait que s'aggraver et le premier-ministre Arathi Madourak a décrété cette nuit l'état d'urgence pour cause d'émeute raciale, l'ethnie des Blizarka ayant été pourchassée jusqu'aux rives de la mer Sapou et pogromée sur place dans le sable et le/chef de guerre Garitoufi a déclaré hier à la radio d'Etat -"les bûchers sont certes peu modernes mais vu depuis la mort le feu n'a que la forme d'une cause"/la diplomatie Delasorte est d'ores et déjà sur place, à pied d'œuvre, pour vendre des armes aux deux partis, le premier contrat négocié avec l'armée régulière fait état d'une transaction à six chiffres et d'accords bilatéraux quant/plus à l'est, à Djarkou, trois attentats-suicides ont rougi le printemps et tavelé le soleil d'une aube supplémentaire/les négociations de paix orchestrées par l'Organisation Delasorte pour la Pacification Internationale ont une fois de plus échoué, les représentants des deux nations belligérantes refusant mutuellement de se reconnaître une quelconque légitimité inst/massacre religieux ironiquement baptisé bain de chair lustral/la mort double de rouge le rose du crépuscule/la guerre de Connardisation suit son cours."


Je sais que la mise en ligne dessert ces images (nouvelles infographies de la fin 2013), mais en attendant mieux, elles battront pavillon ici.

samedi 10 mai 2014

Des mesures sanitaires

"Des mesures sanitaires ont été annoncées hier par le département urbaniste du Consortium Delasorte Inc. : afin de réaliser au mieux l'assainissement de l'Allée des repos, des rues Poyave et Mercuriennes ainsi que des avenues Laborite et Jaquette, le troisième régiment des Troufions Mécanisés interviendra dans la semaine pour en vider les rats et tous les vagabonds. Une déviation sera donc mise en place de jeudi à dimanche pour laisser travailler l'armée et le service d'hygiène urbaine. Les rails et les anciens tunnels de la Petite Ceinture seront par ailleurs rasés et toute les anciennes voies désinfectées pour laisser place à un ambitieux projet architectural de monument aux morts géant, ceinturant la cité sur vingt-cinq kilomètres. Les urbanistes envisagent d'ériger un ossuaire circulaire reliant toutes les vieilles portes de la cité intra muros, et de raccorder les différents tombeaux commémoratifs par des toboggans. Autre annonce du Bureau Central de gestion militaire : nous rappelons à tous les citoyens du groupe gamma trente-six que leur stage de Connardisation annuel aura lieu dans huit jours à la caserne centrale d'Abject City sous la direction du commandant Bouliou."




jeudi 8 mai 2014

Et maintenant les nouvelles

"Et maintenant les nouvelles, elles sont juteuses comme de la viande : la Bourse est au beau fixe, il fait trente-cinq degrés sur les cours du Nasdaq, un léger décrochage de la Zyksteel&Wurst pour cause de downsizing a fait tomber de 30,6 points ses cotations d'actions, mais le lancement à l'exchange de ses nouveaux lingots de viande devrait d'après nos analystes financiers lui faire crever le plafond d'or au cours de la soirée ! Zyksteel&Wurst, pour une certaine idée du nerf, pour une certaine saveur du fer !
A déplorer : le suicide en masse de quinze mille employés de Banko Company mal classés au benchmark ; leur chair défénestrée a encombré l'Avenue Pantine durant une bonne demi-heure avant l'intervention de nos équipes de balayage mais le trafic reprend son cours lentement, petit ralentissement donc dans le Quartier des Affaires, le retour à la normale est prévu pour midi." Dans les tours et les rues les hauts-parleurs crachaient leur mélopée sucrée à 300 décibels et les voix matinales des speakers Delasorte tombaient sur les épaules en giboulée serrée -vox ordurière, crux à mille gorges, une seconde pesanteur violait la gravité, plombait les corps à bas et calibrait les crânes sous le pilon vocal. Le jour était en branle, il tirait vers le gris.

en cours...





lundi 5 mai 2014

Abject City, bonjour !

"Abject City bonjour ! Ici Patricia Queenita pour Channel DLS, bienvenue sur 94.0 FM ! Il est 8 heures et la lumière a mal, le jour est grand comme un bifteck et nous sommes ses rognons ! Aujourd'hui la température est d'environ dix-huit degrés celsius, le vent souffle sud-sud dans le dioxyde d'azote, le ciel est sans-abri et les oiseaux sont nus. Au nom de la Holding Delasorte&Sons je suis heureuse de vous accueillir dans cette journée nouvelle pleine de renoncements brûlants : nous sommes ici pour nous gâcher, nous sommes ensemble pour nous lacérer l'heure. Qui dit matin dit chien ! Debout la Communion ! Quelle heure est-il ? Celle qui tombe. La Cité brille, l'éveil est à refaire. Je vois déjà qui battent les boulevards et les bouches, il y a des abandons qui marchent et des hommes d'entropie, -j'affine un peu la mire, cache le lointain de la main, il y a des larves dans le béton et des gonds sur nos seuils. Bienvenue chez Delasorte. Baissez vos âmes, désarmez-vous, tranchez vos souffles et avant tout n'oubliez pas de mourir avant d'entrer."


mardi 29 avril 2014

Dundee et rouspignolles

"On est là, à fond de cales, à suer des rouspignolles !"
Ouverture des soutes...
et bienvenue dans le dundee.

On commencera par annoncer la toute récente sortie du Pré Carré numéro 3, il est tout beau, tout chaud, tout vert. Vous y retrouverez les articles de G. Massart, J. Meunier, Docteur C., L.l. de Mars et J. Le Glatin, de superbes planches de L. Largier, une nouvelle rubrique Sans les mains avec des robots tueurs et du vrai japonais.
Le Politbüro central m'ayant laissé le soin de trousser la rubrique Palimpsestes, vous pouvez y retrouver trois planches fourbies par bibi à partir du Carpet's Bazaar, de Van et Mutterer.


Pour vous donner envie, un extrait ici
Commandable ici et  pour la modique somme de 7 euros + frais de port.
Achetez-nous donc, on n'est même pas payés.